Pénurie de chauffeur de bus, comment l’expliquer ?

Des dizaines d’annonces de postes de conducteurs de bus et de car sont publiées chaque jour ! Pourtant, elles mettent des semaines, voire des mois à trouver preneur.

On assiste en effet à une véritable pénurie de chauffeurs depuis quelques années… Selon un rapport de l’International Road Transport Union, près de 11 500 postes de conducteurs d'autobus et d'autocars étaient à pourvoir dans notre pays en octobre dernier.

Pourquoi alors cette pénurie de chauffeurs de bus en France ?

Traverser la rue… pour devenir chauffeur de bus

Dans le monde du transport de personnes, il semblerait que les mots du président Macron soient justes ! Les annonces publiées sur les sites d’emploi sont très nombreuses et les entreprises peinent à recruter des chauffeurs. Ce constat est aussi vrai pour les services publics (RATP, grandes lignes…) que pour les entreprises privées.

La pénurie de chauffeurs de bus est devenue un problème en France. Elle impacte l’ensemble du réseau privé et public de notre pays, avec des incidences importantes sur leur organisation. Les bus retardés ou supprimés sont le quotidien de beaucoup d’usagers. Un chauffeur en arrêt de travail ne sera pas remplacé, simplement parce qu’il n’y a pas de remplaçant !

Comment peut-on expliquer cette baisse de la vocation de chauffeur de bus ?

Des conditions de travail difficiles

Les conducteurs de car et les chauffeurs de bus n’ont pas toujours des conditions de travail idéales. Ils doivent par exemple être capable de rester dans la même position pendant plusieurs heures, avec toujours la même vigilance. Les personnes qui n’aiment déjà pas être au volant de leur voiture ne se tourneront donc jamais vers cette profession.

Ils doivent aussi régulièrement conduire selon des plannings changeants et irréguliers. Cela inclue des départs tôt le matin et des fins de service tard le soir, mais également des horaires de nuit et du travail des week-ends et les jours fériés.

Ces premiers arguments mettent déjà en lumière les principaux inconvénients du métier, au regard de la vie de famille. Un chauffeur de bus qui rentre chez lui à 22 h ou qui travaille la nuit n’aura pas la même vie sociale qu’un salarié terminant chaque jour à 17h30.

En avril 2024, l’entreprise Keolis a dirigé une grande enquête sur la santé mentale des chauffeurs de bus. Elle précise que 50 % d’entre eux annoncent souffrir de stress, avec de ce fait, un taux d’absentéisme très élevé : 10,66 % pour 2023.

Stress et pression au contact des usagers

Un autre facteur explique aussi la pénurie de chauffeurs de bus : le stress. Celui du trafic tout d’abord. Les chauffeurs doivent en effet parvenir à conduire en gardant leur calme, malgré les embouteillages, le bruit, les retards possibles et le mécontentement des usagers. La concentration, la patience et la maîtrise de soi sont primordiales pour minimiser le stress quotidien.

Un conducteur de bus devra parfois gérer des conflits et intervenir pour maintenir le calme au sein de son bus. Rappeler à l’ordre des adolescents un peu trop bruyants, expliquer à une personne qu’elle doit laisser sa place à une autre, aider une personne en fauteuil à entrer dans le bus si nécessaire… Toutes ces tâches font aussi partie du quotidien des chauffeurs de bus.

Salaire et reconnaissance ?

Même si les salaires des chauffeurs de bus, avec leurs possibles primes, sont corrects, ils pourraient être plus élevés. En effet, selon la profession, le salaire n’est pas en adéquation avec les contraintes qui s’accumulent pour les conducteurs au fur et à mesure des années.

Ce manque de reconnaissance décourage les professionnels qui ne font pas une bonne publicité de leur métier. Autre désavantage du milieu de la conduite : les possibilités d’évolutions de carrière sont peu nombreuses. Une personne qui souhaite gagner en indépendance et évoluer se tournera vers un autre métier.

L’augmentation des grilles salariales pourrait être un bon moyen de mettre fin à cette pénurie des chauffeurs de bus. Dans les entreprises privées, le train des négociations est en marche, mais dans le public, c’est une autre histoire.

Une formation complexe

Les chauffeurs de bus, pour avoir le droit de conduire leurs véhicules, doivent suivre une formation spécifique. Elle inclut l’obtention du permis B, puis du permis D et le suivi d’une formation nommée « Formation Initiale Minimum Obligatoire » ou FIMO. Ces deux étapes sont coûteuses et dissuadent régulièrement les potentiels candidats.

De plus, les chauffeurs devront repasser des examens réguliers. Une visite médicale est enfin obligatoire pour devenir chauffeur de bus et la FIMO doit être renouvelée tous les 5 ans. En fonction de votre parcours professionnel, vous pouvez avoir droit à différents financements ; renseignez-vous avant de vous lancer !

En complément

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